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Le Pelican Rouge
25 juin 2015

Test de site bourré

Un site web bien conçu devrait être accessible à tous et pas seulement à des geeks : un développeur vérifie l’ergonomie des sites « très ivre », et il a étendu l’idée à des tests par la mère d’un confrère. Généralement, toute tentative de montrer un site internet important à ma mère ressemble à cette vieille pub AOL, où des personnes âgées apprenaient à cliquer « avec un doigt, comme ça ! ». Aujourd’hui encore, elle m’appelle dès qu’il faut acheter un truc sur Internet. Etant un fils aimable, je ne dirai bien évidemment pas du mal de ma mère. Mais pourquoi ces sites sont-ils si compliqués à manier pour nos parents ou grand-parents ? « Le problème des sites web, c’est que, la plupart du temps, ils ne sont faits que pour des gens qui utilisent déjà Internet et ils sont truffés de choses qui n’ont pas d’importance. Les sites web devraient fournir les informations de manière pertinente et utile », répond Richard Littauer, consultant en expérience utilisateur. Afin de résoudre le problème des interfaces trop compliquées, ce développeur allemand a lancé le site « The User is Drunk », en français « l’utilisateur est ivre ». Prenant au pied de la lettre l’entrepreneur australien Will Dayble, qui en 2012 appelait les concepteurs de sites web à imaginer « des sites si simples que même une personne ivre pourrait utiliser », Richard propose de le faire pour de vrai. Le voici en action : Sur son site l’offre est ainsi présentée : « Je serai très bourré, et j’analyserai votre site. Je vous enverrai un document qui présentera les points qui doivent être revus sur votre site web, et une capture d’écran de moi en train de visiter votre site. » Au départ, la consultation coûtait 75 dollars. Pour quelques dollars de plus, vous pouviez aussi choisir la boisson. Ce qui pouvait sembler être une blague potache va pourtant connaître un rapide succès. Pour se protéger et ne pas sombrer dans l’alcoolisme, Richard Littauer décide rapidement de ne faire que deux consultations maximum par semaine et augmente ses tarifs en passant à 250 dollars puis à 500 dollars, le prix actuel. Il réduit ainsi le nombre de clients potentiels. En tout, il reçoit une cinquantaine de demandes. Contacté par e-mail, il nous raconte la genèse de ce projet : « J’ai eu l’idée alors que je faisais un compte-rendu d’un site pour un ami après avoir bu. J’ai réalisé que j’étais en train de lui fournir un point de vue utile, que j’étais terriblement honnête, que je m’amusais et que je faisais quelque chose que d’autres personnes pourraient trouver utile. » Puis lors d’un hackday en Thaïlande, Richard Littauer rencontre Scotty Allen, un développeur américain qui trouve son idée géniale. Ensemble ils montent un second projet : « The User is My Mom » (« l’utilisateur, c’est ma maman »). Lancé en avril 2015, ce produit dérivé met au centre de l’expérience Pam, la mère de Scotty, qui, « censée être sobre », analyse votre site. Seule condition : pas de porno ; il s’agit de la mère de Scotty tout de même ! « “The User is My Mom” est apparu après avoir réalisé que je ne voulais pas être bourré tout le temps, et j’ai essayé de réfléchir aux moyens que j’avais pour aider les gens en engageant des personnes qui n’y connaissaient rien en analyse de site web. Les mamans m’ont semblé correspondre à ce profil. » Décrite sur le site comme une dame qui « crie sur son ordinateur, ne sait pas ce qu’est Twitter et qui galère à trouver les fenêtres qu’elle a réduites elle-même », Pam Allen, 65 ans, tutrice dans un lycée du Colorado, est une utilisatrice d’Internet comme des milliers d’autres mamans. Elle est d’ailleurs un peu plus douée que la mienne puisque selon le fondateur du site, « elle possède un compte Facebook et sait aussi acheter des trucs sur Amazon ou chercher et réserver un billet d’avion ».

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